Le Roc Fleuri, un jardin ?

Entre mer  et voie déferrée

Le Roc Fleuri, de par sa position géographique entre la voie déferrée, espace à nouveau sauvage, et la mer, champs sous marins sauvages, il est sans doute le lien, le point de rencontre, le lieu organisé et clos, il est de ce fait un jardin, lieu où la nature ordonnée est possible,

Jardin n, m. semble désigner étymologiquement un enclos, en effet, le mot est probablement issu (av. 1150) d'un gallo-roman °hortus gardinus, proprement « jardin enclos ». Le premier élément, hortus, est le nom latin du jardin, d'où vient l'ancien français ort, hort, et qui est passé en français (beaucoup plus tard) dans les composés savants horticole. Horticulture et le dérivé hortillon, ortillon, terme picard. Son dérivé hortulanus est à l'origine de ortolan et le nom propre Hortensius a fourni hortensia. Le second élément, gardinus, est issu d'un francique °gart ou °gardo « clôture » que l'on reconstitue à partir de l'allemand Garten et de l'ancien et moyen français jart,  gart (XII è s) « jardin », Jardin s'est répandu dans les langues romanes (italien giardino, espagnol jardin) et a donné l'anglais garden à partir de la variante anglo-normande gardin.

Le Robert dictionnaire historique de la langue française - sous la direction d'Alain rey

Jardin n. m.

Espace organisé, généralement clos, indépendant ou associé à un édifice, comportant des végétaux d'utilité ou d'agrément cultivés en pleine terre ou hors sol.

Créé à partir d'une modification plus ou moins profonde du site naturel, le jardin, qui répond à des fonctions d'utilité ou d'agrément, se caractérise par son tracé, son relief, sa couverture végétale et son traitement de l'eau. L'architecture et la sculpture, fréquemment associées à sa décoration , y jouent parfois un rôle considérable.

Jardin d'agrément g.n.m.

Jardin dans lequel les végétaux sont cultivés dans un but esthétique et comportant  des aménagements spécifiques pour la promenade et le repos.

Jardin d'utilité g.n.m.

Jardin consacré à la culture des végétaux d'utilité domestique.

On appelle communément jardin de curé, un petit jardin dans lequel sont cultivés simultanément dans de petits parterres réguliers des végétaux d'utilité et des végétaux d'agrément.

Jardin philosophique

Le philosophe qui vivait dans un jardin

…Fuyant la sphère trop vaste et polémique de la Cité, Épicure ne se réfugie pas pour autant dans un Jardin désert : il le peuple d'amis.

…toute la pensée épicurienne s'organise autour de la notion centrale de limite, de pourtour et d'enveloppe. L'emblème de cette volonté de circonscrire pourrait bien être ce Jardin, que l'Histoire a pour toujours attaché à la mémoire d'Épicure

Gilbert Romeyer Dherbey Directeur du Centre de recherches sur la pensée antique, Université de Paris, Sorbonne 

Écouter Michel Onfray Contre histoire de la philosophie"

Voir http://perso.wanadoo.fr/michel.onfray/accueilonfray.htm - Coffret N°4 année 2003-2004 suite (sortie novembre 2005)

Les jardins
de la maison d'Érasme

Le jardin d'Érasme est un jardin des plaisirs et des savoirs, composé d'un premier jardin de plantes médicinales du paysagiste René Pechère (1987). Dans ce jardin des maladies, véritable portrait botanique de l'humaniste, l'on y cultive une centaine de plantes du xvie siècle, employées par Érasme pour se guérir. Derrière ce jardin du corps, il y a un second jardin qui est comme le jardin du jardin : un jardin philosophique, pour aider à penser le monde.  En s'inspirant du texte “Le banquet religieux”, écrit par l'humaniste après son séjour à Anderlecht (1521), une série de parterres cartographiques ont été aménagés au printemps 2000 dans lesquels le visiteur admirera les plantes et les fleurs qu'Érasme, premier grand Européen, a contemplées lors de ses nombreux voyages. Jardin du corps, jardin du monde, ce lieu abrite une série de “chambres philosophiques” créées par des artistes contemporains qui sont autant d'invitations à s'asseoir pour jouir du temps qui s'écoule ou discuter avec ses amis ; car, comme nous le rappelait Érasme :

“Là où sont les amis, là est la richesse.”

ERASMUS - Un jardin philosophique - à la Maison d'Erasme (>7|10)
Quatre artistes contemporains : Catherine Baugrand (F), Marie-Jo Lafontaine (B), Perejeaume (E), Bob Verschueren (B) ont travaillé avec l'architecte paysagiste Benoît Fondu (B), et ont investi le "Jardin des Simples" dessiné par René Pechère qui s'inspire des jardins de la fin du XVe siècle.  Le jardin philosophique proposera cinq ballades : les passions, l'amitié, les muses, la diffusion ou le savoir et le corps.  On verra également le travail photographique de Jean-Paul Brohez (B) et André Jasinski (B). Maison d'Erasme (31 rue du Chapitre - 1070 BXL - 02/ 521 13 83) Ouvert tous les jours de 10 à 12h et de 14 à 17h
Mail :
erasmushuis.maisonerasme@skynet.be

Jardin secret

Le jardin de Marcel Proust, c'est à la fois celui d'Illiers-Combray et celui de l'enfance à Auteuil. Inséparable de son oeuvre, révélateur des rêves intimes de l'écrivain, ce jardin intérieur est bruissant de secrets incarnés par les fleurs : on y trouve l'aubépine de la passion, le coquelicot du défi, l'iris de la coupure entre deux mondes, la digitale de la solitude. Évoquant l'éden biblique et proche de l'azur, la mort y est vaincue par le souvenir. Contigu à l'infini des champs, c'est un jardin imaginaire et contagieux dont les odeurs nous envahissent d'autant plus que la maladie a chassé Marcel Proust du domaine des parfums. Aussi a-t-il créé ce jardin intemporel, dont voici l'alphabet symbolique de A à Z - un alphabet de fleurs qui renaîtront toujours.

Tout, en ce bas monde, se métamorphose-t-il en
«un jardin des souvenirs»? Marcel Proust

Cultiver son jardin

"Tous les événements sont enchaînés dans le meilleur des mondes possibles : car enfin si vous n'aviez pas été chassé d'un beau château à grands coups de pied dans le derrière pour l'amour de mademoiselle Cunégonde, si vous n'aviez pas été mis à l'Inquisition, si vous n'aviez pas couru l'Amérique à pied, si vous n'aviez pas donné un bon coup d'épée au baron, si vous n'aviez pas perdu tous vos moutons du bon pays d'Eldorado, vous ne mangeriez pas ici des cédrats confits et des pistaches. - Cela est bien dit, répondit Candide, mais il faut cultiver notre jardin."

Voltaire, Candide

Dialogue avec mon jardinier - Henri Cueco

  •  Ma parole, tu fais le portrait d'une patate !
  • Grandeur nature, un vrai portrait ressemblant ! C'est une commande ?
  • Oui, une commande de la pomme de terre elle-même.
  • Oh, alors tu gagneras pas grand-chose !
  • Elle me paiera en pommes de terre.
  • Je te regarde, on dirait vraiment que tu la regardes, pour la faire comme elle est.
  • Je la regarde pour la faire comme elle est.
  • Toute tordue avec son coup de bêche.
  • Blessée, oui, c'est ça qui me plaît, cette blessure.
  • C'est arrivé il y a deux mois peut-être. Tu vois, elle a refait de la chair par-dessus… Je t'en amènerai de plus belles du jardin d'en bas.
  • Volontiers. Mais je préfère celles qui ont souffert. Tu vois, cette blessure, on dirait un sexe.
  • J'y ai pensé, mais j'aurais pas osé. Tu vas la faire exacte comme ça, ronde, avec l'ombre ?
  • C'est pourtant pas grand-chose, une patate.
  • Regarde-la un peu !
  • J'ai beau regarder, je vois une patate… ça n' a pas l'air de te réussir, les patates. Je te trouve tout barbouillé des idées, comme l'autre jour, avec ton idée que rien n'a existé vraiment.
  • Peut-être que, si j'arrivais à peindre clair, j'aurais pas besoin de t'en parler autant.
  • Tu cherches quoi, au juste ?
  • À capturer un peu de temps !
  • Petit !
  • Quoi, »Petit » ?
  • Je me moque de toi. Tout ça avec une qu'on mange ! Si j'expliquais ça aux copains sur la voie… Mais pourquoi pas un caillou de ballast ? C'est pas aussi bien ?
  • C'est aussi bien sûrement. Mais ça bourgeonne pas, c'est moins vivant. Pourtant c'est sûrement vivant. Tout ce qui existe est vivant, c'est obligé, mais il y a des degrés.
  • Un caillou vivant ?
  • Pourquoi pas ?
  • Je t'en prendrai quelques uns sur la voie ferrée. Du vrai ballast, du vif, pas du faux.
  • Volontiers.
  • Je vais les prendre en douce, les copains se demanderaient…
  • Il m'en faut cinq ou sept, pas plus.
  • Je t'en amènerai un petit sac, tu choisiras. C'est pas méchant, Ca se sauve pas. Tu pourras les peindre tant que tu veux.
  • J'attends.
  • Ceux que je t'amènerai, en auront vu passer des trains !

Le jardin des délices

Jérome Bosch
,1500
Huile sur toile
220 x 97, 220 x195, 220 x 97

Peinture la plus célèbre de Jérôme Bosh, ce triptyque dépeint l'histoire du monde et la progression de péché. Les panneaux fermés représentent la création du monde, l'histoire progresse avec Adam et Eve et le péché original sur le panneau gauche. Le panneau du centre dépeint un monde profondément engagé dans des plaisirs coupables et le panneau de droite les supplices de l'enfer.

Des tentatives diverses ont été faites pour interpréter les différentrs scènes. Les représentations sexuelles ont été rapprochées du credo des Adamites, une secte hérétique qui préconisait la liberté sexuelle. Un autre théorie met en avant une série d'illustrations de proverbes : par exemple, les amants dans la bulle de verre rappellerait le proverbe ' le Plaisir est aussi fragile que le verre". Cette approche fournit aussi une liaison entre ces fantaisies et d'autre oeuvres de Bosch tel
Le char de foin

et l'oeuvre postérieure de Bruegel qui, sans déployer une même profusion satanique, a aussi illustré des proverbes.

Dans l'enfer figurent plusieurs instruments de musique gigantesques. Si leur forme est réaliste, leur situation ne l'est pas : la harpe sort d'un luth et relève du fantastique. Une figure humaine tendue à travers les cordes d'une harpe ; une autre se tord autour du bec d'une flûte et s'est entrelacée avec un serpent ; une troisième paire montre un tambour équipé de pieds d'oiseau,

 

La chronique d'Évelyne Pieiller. 
L'oeuvre au jardin

C'est à la mode, les jardins. Les jardins des châteaux, les grands jardins privés, les jardins sur les balcons, les jardins ouvriers, on aime tout, on redécouvre tout, le jardin à la française, ses dentelles et ses statues, le jardin à l'anglaise, son illusion du naturel et ses bordures de fleurs, le jardin baroque et ses grottes, le jardin médiéval et ses carrés fermés, le jardin moderne conçu par les artistes du paysage, herbes ou concepts inscrits dans l'ensemble formé par le mouvement de la terre et du ciel...

Il permet d'aider à réinsérer ceux qui ont perdu, misère sociale ou misère psychologique, la possibilité de se lever à heure fixe et de travailler avec d'autres, et c'est l'expérience des jardins de cocagne. Il permet de créer une « oeuvre », de se nourrir, de partager une beauté, de se relier aux gestes d'autrefois. Il réconcilie le besoin de racines et la satisfaction d'imprimer sa marque. Ce qui était autrefois une activité de retraité devient un art de vivre. Bon, c'est clair, la verdure manque aux citadins, mais il semble bien surtout que c'est là une activité qui console de travaux souvent aliénants, comme on disait jadis, que peut s'exercer ainsi une activité tranquille, solitaire, silencieuse, qui vient se confronter aux réalités têtues de la terre et du temps, et qui rappelle à l'homme son lien avec le reste de ce qui vit sur terre, il semble bien qu'il ne s'agit pas là d'un hobby, mais d'une recherche d'accomplissement, où l'on se dégage, consciemment ou non, du poids du présent. On peut voir dans cette vogue des jardins et du jardinage le désir, merveille, de voir la vie au travail et d'admirer la beauté inutile des fleurs et des arbres. C'est quand même vrai qu'on vit dans l'agression de l'utile, soignez votre santé pour rester compétitif et ne pas coûter à la société, travaillez quarante heures, votez « oui » au référendum, prenez une assurance vieillesse, c'est utile, faites des enfants, c'est utile, et c'est vrai qu'on vit dans un déploiement de laideurs diverses, les morts aux infos, les morts dans les films, les villes tristes, les pubs idiotes, la pauvreté enroulée dans des couvertures sur le trottoir, les propositions de crédit mirifiques, les mensonges des gouvernants, les petits massacres ordinaires... Alors, peut-être bien que le besoin de voir de la beauté qui ne sert qu'à réjouir, de faire naître de la beauté pour le seul plaisir, c'est une façon de se rappeler qu'un monde différent est possible...

Les deux ouvrages d'Alexandre Vanautgaerden sont surprenants. Splendidement inutiles. Il est conservateur au musée de la maison d'Érasme, à Bruxelles. Érasme : Desiderius Erasmus Roterodamus, né à Rotterdam vers 1469, mort à Bâle en 1536, fut un humaniste doté d'humour, un cavalier rêveur, un voyageur qui voyageait pour le plaisir de connaître l'ailleurs. Il vécut notamment à Anderlecht, et sa maison devenue musée abrite aujourd'hui des toiles de Bosch, Holbein, Dürer, et est l'un des lieux les plus riches d'Europe en éditions du XVIe siècle. Cette maison donne sur un jardin : un jardin qui ne peut plus être celui où marcha Érasme. Jardin de simples - lisez les aventures de frère Cadfaël, en 10/18, vous connaîtrez les charmes et vertus des plantes médicinales telles qu'on les comprenait au Moyen Âge -, jardin d'eau, jardin philosophique où les plantes transposent les voyages d'Érasme, l'endroit est une douceur, assurément, où se conjuguent le savoir ancien et des artistes d'aujourd'hui, mais l'essentiel semble surtout qu'ils se vouent à l'otium, cet enchanteur terme latin qui désigne le temps libre, au sens propre du terme, le temps libéré du negotium, des tractations, des affaires du travail mercenaire. D'accord, Rome pouvait inventer l'otium, parce qu'il y avait des esclaves et des affranchis pour travailler. Mais quand même, c'est indispensable de se rappeler la nécessité de l'otium, car « il n'est pas libre celui qui ne peut jamais demeurer en repos », comme le disait, en latin, Érasme. Il n'est pas libre, celui qui ne peut avoir le temps de réfléchir à ce qui peut rendre le monde véritablement habitable. Et le jardin, qui ne sert à rien d'autre qu'à amplifier le bonheur d'exister, à rien d'autre qu'à la conversation, à la promenade, à l'appréciation des formes, à l'acceptation de la présence humaine parmi d'autres présences, est un des lieux parfaits pour l'otium. Le jardin, c'est une oeuvre mentale qui s'inscrit dans le concret. Ces deux livres sont flâneurs, enthousiastes, affectueux, dédiés à la pensée bienveillante et souriante d'Érasme, dédiés au bonheur d'essayer de toujours mieux s'humaniser, ils sont proches des oeuvres de Derek Jarman ou de l'Année du Jardinier, de Karel Capek, qui aident à comprendre la grandeur ordinaire du désherbage et autres rempotages, il faut y faire un tour pour se souvenir des beautés qui sont nos devoirs et nos droits.

Alexandre Vanautgaerden, Un jardin philosophique. Photographies d'André Jasinski, 112 p., 18 euros.

Coédit. ion Somogy-Le musée de la maison d'Érasme

L'Humanité Article paru dans l'édition du 25 mars 2005


le 17 02 2006 à 10:19, fal7i a écrit :

le 21 mai sur la voie :

- signature de la voie (comme à Hollywood) dans le béton;
- début d'une ouvre monumentale et commune vue du ciel, de préférence avec du ballast, toutes les idées sont les bienvenues.
- pique nique sur la voie

- et une surprise


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